La systématique, ou classification scientifique des espèces, consiste à décrire les espèces pour les regrouper sur la base de différents critères comme la morphologie, l’écologie, l’écholocation et aussi les données moléculaires. Une des voies empruntée par cette discipline, la cladistique (héritée des travaux de Willy Hennig), repose sur l’idée que le partage de caractères (dit dérivés) par plusieurs espèces provient très souvent de leur parenté. Les années 80, avec la découverte de la polymérase et l’invention de la PCR, ont vu l’émergence de la biologie moléculaire et des données génétiques pour aider à résoudre les relations de parenté des Chiroptères. C’est ainsi que de nombreux complexes d’espèces cryptiques (= « cachées ») ont été révélés, notamment en Europe. A l’échelle mondiale, de nouvelles espèces sont décrites chaque année, à la suite des révisions des collections de musées, d’une analyse approfondie sur le terrain et aussi grâce aux expéditions dans des contrées encore peu explorées. Ce travail de description des espèces est primordial, notamment du fait de ses implications dans le domaine de la conservation. Avec la description de nouvelles espèces, des espèces considérées fréquentes et réparties à large échelle se voient séparées en plusieurs espèces à aire de répartition diminuée. Ces nouvelles espèces sont donc fréquemment considérées plus vulnérables. Le travail des biologistes consiste ensuite à étudier ces espèces en détail sur le terrain afin de définir des priorités et des stratégies de conservation. Cette connaissance de la classification des espèces est d’autant plus nécessaire que de nombreuses menaces pèsent sur ces animaux. La fragmentation, l’altération ou la destruction des habitats et le processus de changement climatique, constituent deux facteurs principaux d’extinction d’espèces.
En 12 ans, entre la synthèse de Koopman (1993) et celle de Simmons (2005), c’est plus de 191 espèces nouvelles qui ont été décrites pour la Science, avec le compteur qui est passé de 925 à 1116 espèces (Figure 1). A ce jour, plus de 1232 espèces de chauves-souris seraient maintenant dénombrées (Simmons comm. pers.).
Yann & Meriadeg
Références bibliographiques
Koopman, K. F. 1993. Order Chiroptera. Pp. 137-241 in Wilson, D. E., and D. M. Reeder, eds. Mammal species of the world. A taxonomic and geographic reference, 2nd ed. Smithsonian Institution Press, Washington, DC.
Simmons, N. B. 2005. Order Chiroptera. Pp. 312-529 in Wilson, D. E., and D. M. Reeder, eds. Mammal species of the World. A taxonomic and geographic reference, 3rd edition. Johns Hopkins University Press, Washington.